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double anneau de l'annulation. La scène agonistique est investie
d'une puissante charge libidinale entre le narrateur et son ami,
à l'intérieur ou à partir d'une amitié, d'un transfert, d'une
alliance, d'un contrat  dont le tabac semble donner la note.
Il le fait avant tout : il paraît être là avant le commencement.
Avant le premier acte, avant la parole, il y a, il y avait, il y
aura eu le tabac. Tel est le départ, à savoir le premier partage :
tout en sort, tout en est issu, tout en naît, comme du logos
dont c'est déjà l'origine, et on ne peut que partir de là, c'est-
à-dire en procéder, c'est-à-dire s'en éloigner : « Comme nous
nous éloignions du bureau de tabac... »
Une trahison, un parjure peut-être menacent le partage, le
contrat ou la foi jurée dès le premier pas qui les éloigne du
bureau de tabac. Leurs pas, leur démarche, leur déambulation
sont l'histoire rythmée de cette menace de trahison. Hypothèse
de lecture : ce qui est soupçonné, accusé, condamné, ce n'est
pas tant l'acte lui-même, à savoir l'abus qui consiste à tromper
le mendiant, bien que cet acte occupe en effet le centre du
récit. En vérité, ce serait la trahison du narrateur par son ami
qui reste impardonnée. Plus précisément, elle est jugée, elle
est tenue pour impardonnable par celui qui dit «Je ».
Mais en quoi consiste donc cette trahison? Qu'est-ce qui
finalement n'est pas pardonné? Quels sont les attendus de la
sentence? Cela reste obscur. Non seulement obscur parce que
très difficile à déterminer, mais obscur parce que les conditions
148
L'excuse et le pardon
mêmes de la déterminabilité ne sauraient être données dans
la structure (formelle et thématique) de cette scène. Le rai-
sonnement qui conclut au non-pardon pour un non-don est
retors; il convoque pour se justifier toute une philosophie dont
le midi (le soleil sans ombre) est très elliptique. C'est au
narrateur - et non pas au mendiant, témoin muet  , que
1'« ami » a manqué de donner. A donner de la fausse monnaie
(si du moins il a fait ce qu'il a dit!), l'ami aurait manqué à
sa promesse, il aurait trompé quelqu'un, il aurait trompé la
confiance de quelqu'un, il aurait trahi, mais quoi et qui? Pour
tenter de répondre à cette question, il faut s'éloigner un peu
du centre. Il faut quitter le foyer apparent d'un récit dont
l'alchimie mêle si bien, faute de sens, comme eût dit Mallarmé,
l'esthétique et l'économie politique, le « crédit », le « capital »
et la « monnaie » (« Quelque déférence, mieux, envers le labo-
ratoire éteint du grand Suvre, consisterait à reprendre, sans
fourneau, les manipulations, poisons, refroidis autrement qu'en
pierreries, pour continuer par la simple intelligence. Comme
il n'existe d'ouvert à la recherche mentale que deux voies, en
tout, où bifurque notre besoin, à savoir l'esthétique d'une
part et aussi l'économie politique : c'est, de cette visée dernière,
principalement, que l'alchimie fut le glorieux, hâtif et trouble
précurseur. Tout ce qui à même, pur, comme faute d'un sens,
avant l'apparition, maintenant de la foule, doit être restitué
au domaine social. La pierre nulle, qui rêve l'or, dite philo-
sophale : mais elle annonce, dans la finance, le futur crédit,
précédant le capital ou le réduisant à l'humilité de monnaie\
Avec quel désordre se cherche cela, autour de nous et que
peu compris! » l).
1. «Magie», Pléiade, éd. H. Mondor et G. Jean-Aubry, p. 399-
400. Je souligne. « La double séance » (in La dissémination, o.c.) est
inscrite, plus précisément insérée entre deux fragments de cette citation
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Donner le temps
Pour mieux introduire au drame libidinal et au duel appa-
remment homosexuel qui se joue non seulement dans l'histoire
mais dans le récit de La fausse monnaie (étant donné qu'il
n'y a pas de don sans possibilité et impossibilité de récit, sans
possibilité d'un impossible récit ¹), pour mieux annoncer le
tiers qui hante ce duel comme pour y mendier une place,
voici encore le contrepoint d'un autre récit dans cette littérature
des pauvres. Non pas « Assommons les Pauvres », trop riche
pour être seulement ouvert ici, ni « Le Joujou du Pauvre »,
mais « Les Yeux des Pauvres ». Nous l'avons déjà lu, déjà vu,
si on peut dire : dans La fausse monnaie, au troisième para-
graphe, à la rencontre du pauvre, ce sont des yeux suppliants, [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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